La « transe hypnotique » est un phénomène naturel, qui survient chez chacun de nous dans la journée, quand nous sommes profondément absorbés par une tâche, dans l’imagination ou la rêverie, au point de négliger les stimulations extérieures.
C’est une focalisation et une fixation de l’attention qui nous permet une activation de certaines zones cérébrales, différentes de celles qui fonctionnent pendant la rêverie, le sommeil, la veille ordinaire.
Ce fonctionnement cérébral plus fluide et plus créatif est particulièrement efficace dans le domaine de la création artistique, des performances sportives et de la résolution de problèmes intellectuels ou psychiques divers.
Il s’accompagne souvent de ce que nous appelons « les signes de transe » : fixité du regard, réduction de l’activité motrice superflue, réduction de la conscience de l’environnement immédiat, longues périodes d’attention soutenue, de répétitions, et une attention accrue et focalisée.
La fixation de l’attention ouvre la voie à un désintérêt pour l’environnement, et un changement de mode de pensée plus analogique, moins intellectuel, plus centré sur les sensations, les émotions , avec une modification de l’accès à la mémoire et à son contenu, en fonction des besoins du sujet,et de son but ; des processus non conscients vont en effet être mis en œuvre pour réaliser le but fixé par le sujet.
La transe hypnotique n’est pas un « état » de conscience, mais un « processus » d’activation cérébrale :variable, changeant, plus ou moins marqué : on entre en transe , on en sort ; on est un peu « dans la lune », on est ici et ailleurs…comme quand vous êtes distrait dans une rêverie que vous reprenez ensuite.
Le cerveau fonctionne de façon plus créative, plus ouverte:la conscience est « élargie » : ouverte à toutes les ressources de notre être.
LA RELATION THÉRAPEUTIQUE AVEC UN SOIGNANT
L’hypnose médicale est l’utilisation de ces phénomènes afin de rendre le patient acteur du changement qu’il a décidé, et acteur du soin .
Une dimension essentielle de l’hypnose médicale est la relation thérapeutique avec le soignant qui la pratique avec vous, et qui vous apprend dans le même temps à refaire les exercices en auto hypnose.
SE SOIGNER AVEC L’HYPNOSE ET L’AUTO-HYPNOSE
Ce soignant ne va pas considérer seulement le diagnostic médical, mais il va aussi prendre en compte vos ressources.
Dans le domaine du soin, la focalisation de l’attention sur des sensations agréables, ressenties dans l’instant ou remémorées, permet de s’extraire d’un présent inconfortable. On évite alors de prêter attention à des sensations désagréables. Surtout, on s’affranchit des réactions émotionnelles liées habituellement aux sensations douloureuses.
Toutes ces propriétés font du processus hypnotique un outil de choix pour l’analgésie et l’anesthésie. Il est ainsi possible de diminuer ou de supprimer une douleur, d’opérer sans anesthésie chimique, de réduire ou de supprimer l’anxiété lors d’examens ou de soins médicaux, infirmiers, ou dentaires. Dans de nombreux hôpitaux et des cabinets de ville, les soignants (du médecin au brancardier) commencent à avoir accès à des formations pour modifier leur communication avec les malades, et leur proposer un accompagnement hypnotique de certains soins.
UN OUTIL THÉRAPEUTIQUE PUISSANT
De plus, revivre en hypnose des épisodes de sa vie où l’on a réussi un apprentissage, une action, voire une compétition, redonne la confiance en soi nécessaire pour entreprendre des tâches dont on ne se sentait pas capable (arrêter de fumer, réussir une épreuve universitaire ou scolaire, s’affranchir d’une phobie).
L’anxiété, le mal-être, les phobies, la souffrance liée aux stress, les syndromes dépressifs, trouvent dans l’hypnose un moyen de traitement particulièrement intéressant : l’expérience hypnotique permet d’apprendre à mobiliser et utiliser ses propres ressources (dont on pouvait avoir oublié l’existence). Le « recadrage » que fait le psychothérapeute ou le médecin permet de donner à des paroles ou des événements du passé qui nous ont blessés, une moindre place dans notre vie.
Le vécu hypnotique d’actions valorisantes réalisées dans le passé donne davantage d’influence à ces « bonnes » expériences et diminue l’effet déprimant des « mauvaises » expériences du passé.
« Tout passe par le corps » : réapprendre la sensorialité, vivre en hypnose des gestes, des attitudes corporelles, permet de redonner au corps la place qu’on lui a peut-être déniée, emportés par nos ruminations, nos soucis, nos smartphones et autres écrans. À son tour, le corps remis en mouvement va permettre à la pensée de changer de point de vue, de trouver une nouvelle dynamique, de nouveaux éclairages.
L’hypnose est connue du grand public comme une pratique du lâcher prise, il faut entendre cette expression comme le moyen d’avancer en acceptant de lâcher ce à quoi la peur nous obligeait à nous cramponner, et empêchait toute avancée vers le soulagement, la solution, le refuge.
Je préfère parler de faire un pas de côté : changer de point de vue, voir les choses différemment.
Ainsi porter son attention sur une action sportive que l’on a réalisée récemment au lieu de percevoir les douleurs liés au changement de pansement…
De même, au lieu de parler de contractions douloureuses , pendant le travail de l’accouchement, les contractions seront présentées comme « un pas de plus qui vous rapproche de votre bébé »…
Il s’agit là d’apprendre aux soignants une nouveau langage, mais aussi de promouvoir une nouvelle façon de prendre la vie comme elle arrive, avec plus de sérénité : un nouvel art de vivre ? .