L’hypnose : quand faut il s’en abstenir ?
extrait de« Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose », M.Ruel, ed. Leduc S. Reproduction interdite
Les contre indications médicales à l’hypnose
– les psychoses paranoïaques,
– les autres psychoses, non traitées, ou insuffisamment traitées ; dans ce cas, pour avoir recours à l’hypnose, le praticien doit être un psychiatre, habitué à la prise en charge des délires. Quand la maladie psychotique est bien traitée, cela pose moins de problème : j’ai personnellement soulagé de lombalgies sévères un schizophrène qui était bien suivi par un psychiatre.
– l’hypnose est contre indiquée si elle retarde la mise en place d’un traitement conventionnel plus efficace : cela semble évident en cas d’infarctus du myocarde ou autre urgence médicale (céphalée °d’une méningite par exemple !) Par contre, une fois le Samu appelé et attendu, pratiquer l’hypnose ou l’auto-hypnose peut améliorer le pronostic, et augmenter les chances de guérison. En effet, en soulageant l’anxiété et la douleur, on diminue le risque de trouble du rythme cardiaque, et on améliore la capacité de l’organisme à résister à l’agression (bactérienne ou virale dans le cas de la méningite).
Attention danger : l’hypnose toxique
Pratiquée par un professionnel de santé compétent, l’hypnose ne présente pas de danger, sinon celui de vous décevoir si votre attente est d’être guéri par magie…
Par contre certaines pratiques d’hypnose peuvent être toxiques : désagréables, ou même dommageables voire franchement dangereuses.
– La plus connue est l’hypnose de cabaret, de spectacle. ….
– Le deuxième type d’hypnose dangereuse est celui des « street hypnotiseurs ».
Il est peut être plus pernicieux, car vous ne faites pas la démarche d’aller au spectacle, vous êtes dans la rue, et abordé par quelqu’un qui vous propose de faire l’expérience d’hypnose.
Il s’agit là aussi, sans préoccupation éthique, de faire la démonstration de son savoir faire et de son pouvoir. Avec pour se dédouaner, des justifications fallacieuses « l’hypnose, c’est partout, à la télé, dans les magasins, avec les vendeurs ». Ils confondent hypnose et manipulation commerciale ou politique.
Parmi ces passants « hypnotisés », dans la rue, des personnalités fragiles ou bien des psychotiques pourront réagir par de profonds troubles au décours d’une telle séance d’hypnose « sauvage ».
• Le troisième danger est plus subtil, plus difficile à parer.
Il s’agit de l’offre d’hypnose par des non soignants, qui ont ouvert un cabinet d’ « hypno thérapeute »
sans avoir jamais fait d’études de psychologue ou de psychothérapeute. Ce sont des gens extérieurs à l’univers des professions soignantes, par exemple lassés d’une profession commerciale, qui prétendent être formés à l’hypnose, et être compétents pour soigner. On trouve sur internet des publicités pour des « écoles d’hypnose » dont les formateurs sont étiquetés « hypnothérapeutes »(qu’est ce que cela veut dire?)et qui proposent de former n’importe qui à devenir « maître praticien en hypnose ericksonienne » : on ne recule devant rien en matière de titres ronflants et sans signification.
Mon expérience à l’hôpital m’a permis de constater qu’il n’y a pas de motif « bénin » de consultation d’hypnose : on ne peut se dire « je vais proposer l’hypnose pour arrêter de fumer, et laisser les déprimés au psychologue ».
Derrière tout motif de consultation d’hypnose, il peut y avoir une grande souffrance, qui va peut être s’exprimer dès la première séance. Et qu’il faudra assumer, reconnaître, accompagner avec l’éthique et la compétence d’un soignant.
Choisir un correspondant pratiquant l’hypnose
Le professionnel de santé qui pratique l’hypnose le fait dans son domaine de compétence. Il doit avoir reçu une bonne formation à l’hypnose .Deux possibilités : soit en Université : diplômes interuniversitaires (DIU) ou à défaut diplôme universitaire(DU)(°°), soit par un des instituts de formation répertoriés par la « Confédération francophone d’hypnose et thérapies brèves »(3). Comme tout soignant, il satisfait ensuite aux nécessité de formation continue en hypnose(sous forme de réunions de supervision, congrès, revues, etc).
Actuellement, l’hypnose a été mise au programme de la formation continue des personnels de santé (« DPC »).C’est une excellente chose, car cela peut modifier la communication avec le patient, et promouvoir l’utilisation de cet excellent outil. Il convient cependant d’être conscient d’un danger : celui d’une formation insuffisante, par manque de temps et de crédits. Il faut rappeler qu’une simple initiation est utile, mais ne permet pas de se lancer dans une pratique d’hypnose.
Si vous désirez adresser un patient pour de l’hypnose, choisissez bien votre correspondant :
Lapratique de l’hypnose n’est pas réglementée en France ; aussi n’importe qui peut se proclamer « hypnothérapeute », pour dissimuler qu’il n’a aucune formation ni aucun diplôme de soignant.
Choisissez doncun professionnel de santé, dont le métier correspond au besoin du patient : un dentiste pour des soins dentaires, un psychothérapeute pour une phobie ou une dépression, un kiné pour stimuler une rééducation … etc.
Recherchez sur le site de son institut de formation la charte éthique, et vérifiez que l’institut ne forme que des professionnels de santé.
La Confédération Francophone d ‘hypnose et de thérapies brèves (CFHTB) répertorie sur son site les instituts et associations qui dispensent un enseignement de qualité, et sélectionnent les praticiens qu’ils mettent sur leur annuaire en ligne. Vous y trouverez notamment Émergences, l’Aphyp, et 33 instituts ou associations régionales.
Quant au CITAC de Jean Becchio, c’est aussi une très bonne adresse : hypnodyssey.com .
Les DU et DIU sont ouverts aux médecins, dentistes, et selon les universités, psychologues, sage femmes, infirmières, kinésithérapeutes.
(2) voir sur le site de la Confédération : www.cfhtb.org, la liste des instituts dispensant des formations, et leur annuaire de praticiens