Colloque sur les enfants et adolescents du 4/12/2022
Voici quelques éléments qui vous donneront envie d’accéder au replay:(https://www.ressourcesmentales.com/product-page/08-colloque-hypnose-enfance-adolescence-en-visio)
1)Les nouvelles souffrances des adolescents
Emmanuelle Piquet (autrice de nombreux livres, le dernier « votre ado face aux autres) pratique la thérapie stratégique de Palo Alto. Elle décrit les nouvelles souffrances des ados :
les troubles psychiatriques comme outil de popularité : pour intégrer un groupe affichant des troubles psychiatriques, il faut se scarifier ou faire des tentatives de suicide(TS). Aller mieux signifierait devoir quitter le groupe : la prise en charge consiste à amener l’adolescent(e) à choisir en connaissance de cause de rester et souffrir, ou quitter le groupe, ce qui n’ est pas facile. Quant à la famille, la compréhension des vraies raisons des démonstrations de souffrance de leur fille permet de ne plus se focaliser sur ces démonstrations « psychiatriques ».
Par contre , des jeunes filles peuvent se scarifier pour des situations si douloureuses qu’elles disent « il est moins douloureux d’avoir mal aux cuisses qu’au coeur », et il faut alors travailler sur cette souffrance.
-Après le harcèlement, place à l’exclusion !
Le harcèlement est maintenant si sévèrement puni que les bandes d’ados l’ont remplacé par une forme de domination bien plus subtile, et non sanctionable : l’exclusion temporaire, répétée.
Là encore, la prise en charge habile par la thérapie stratégique permet de mettre l’ado en situation de choix lucide : rester humiliée, en prison, et avoir des miettes accordées par la cheffe de bande, ou rompre, -et il faut l’aider à cela…
-Une autre souffrance est celle d’ados tellement préservés de toute souffrance par des parents protecteurs à l’excès depuis l’enfance , qu’ils sont totalement démuni(e)s lors du premier chagrin d’amour, et celui ci peut se solder par une TS avérée .
-Dans le débat qui a suivi la communication d’E . Piquet :
-beaucoup de parents considèrent la capacité sociale est une matière comme les maths : et enjoignent à leur enfant d’ être aimé et d’avoir son réseau : arrêter cela est déjà une bonne chose.
-ceux qui hyper-protègent leur enfant lui envoient le message :« je te prends en charge car tu n’es pas capable de te protéger seul ».
2) Le Pr Pierre Castelnau définit l’enfant comme “un pro de l’hypnose”:
son appétit pour le jeu, ses capacités d’émerveillement,son goût de la magie sa pensée métaphorique (on fait comme si..) lui permettent d’entrer dans le jeu, de faire un pas de côté, de construire des machines (aspirateur à cauchemars), tourner des films,imaginer des robots, parler à ses organes malades…
Vers 12,13 ans pour les phobies par exemple, il est utile de faire une “métaphore de transformation dynamique” :
P. Castelnau nous explique comment construire une boucle de régulation idéomotrice:l’enfant veut traverser des situations désagréables, ou s’en débarrasser:on identifie la situation où il perd ses moyens, on lui apprend un geste d’ancrage de détection de la situation, il identifie les ressentis de son corps dans la situation, on l’amène alors à revivre une situation où apparaissent ses activités et personnages favoris, sentir les sensations qui vont lui faire percevoir aisance, compétence ou puiissance:il se construit alors une connection automatique entre l’entrée dans la situation problématique et le déclenchement du programme hypnotique.
Le Pr Castenau parle ensuite des enfants « TDAH » : la prise en charge est centrée sur le renforcement de l’estime de soi :écoutez le replay, pour la physiopathologie, la clinique, la thérapeutique de ces syndromes.
Et par ailleurs, dans le débat : le rôle de la télévision et des écrans en général
3)Plusieurs histoires cliniques racontées par Me Clotilde Wurz de Baets, psychologue:
comment Katia, 9 ans , insomniaque après avoir vu un clown terrifiant à la télé, retrouve le sommeil grâce à la mise en scène hypnotique d’une histoire construite avec elle. L’invention de la tribu des enfants verts, pour que les enfants de parents divorcés vivent plus confortablement cette situation. L’hypnose pour les adolescents : quelques principes notamment le secret , qui ne peut être rompu que si l’ado met sa vie en danger, et dans ce cas il, elle , en est prévenu(e).
Me Wurz de Baets raconte également comment , devant une algodystrophie chez une ado. de 17 ans, elle a démasqué et traité un syndrome post traumatique.
En résumé, toujours établir avec l’enfant ou l’ado. une relation de confiance, et encourager à pratiquer l’auto hypnose.
4)Exposé de Véronique COHIER-RAHBAN / Bogdan PAVLOVICI – Violence sourde et trans-générationnelle : et si on s’adressait aux fantômes ?
Comment passer de l’enfant problème à l’enfant ressource, quand l’enfant met en scène une histoire invisible , transgénérationnelle ?
A partir d’un exemple clinique , ils mettent en évidence combien le comportement d’un enfant « perturbateur » peut être la mise en scène d’un processus de violence transgénérationnelle.
Pour les thérapeutes, il faut un gros travail d’accordage avec la famille.Le but des rencontres va être de favoriser les expériences émotionelles correctrices familiales , pour sortir des solitudes de souffrance.Pour comprendre ce qui se passe dans ces familles, les thérapeutes observent ce qui se dit dans les corps : les traumatismes ont généré de l’amnésie et de la dissociation, mais le langage des corps porte les messages. Dans les discours , les plaintes, il va falloir repérer ce qui est de la colère, et ce qui est de la vraie violence : violence manifeste et violence sourde(qui n’est pas observable dans les actes, mais se dévoile dans de petits moments interactionnels et le vécu émotionnel).
Les thérapeutes sont aussi attentifs à leurs propres émotions et sensations corporelles, qui apportent des informations , comme les comportements de chacun des membres de la famille dans la séance.
5)Arnaud Zeman Sécurité relationnelle et troubles du comportement
Un vécu d’insécurité majeure conduit les enfants à considérer tout autre comme menaçant et à une vision du monde où il ne peut faire confiance en personne ; le thérapeute doit être , lui, en sécurité pour accueillir l’enfant là où il est, créer un lien, trouver les mots justes pour traduire ce qui se passe sans rejeter l’enfant, rejoindre l’enfant dans son monde, afin de le faire rentrer dans une autre possibilité relationnelle, l’enfant alors pourra commencer à percevoir des intentions « positives », partager et accueillir ses propres ressentis corporels. A. Zeman raconte une très belle séance d’hypnose avec le jeune Alvin, où la sécurité relationnelle avec le thérapeute permet à Alvin de faire une expérience d’émotions et de ressentis corporels agréables:une expérience correctrice…Pour parvenir à de tels résultats, il faut que les adultes renoncent à rentrer dans un rapport de force, pour recadrer le comportement agressif de l’enfant qui n’est qu’une réponse à son histoire d’insécurité majeure. Toute l’organisation des ITEP, instituts thérapeutiques , éducatifs et pédagogiques est faite pour favoriser de nouvelles modalités relationnelles, plus sécures.
Le colloque sur les inductions , du 15 octobre 2022
De belles interventions: j’en rendrai compte une par une dans les jours qui suivent:
Ainsi celle de Frédérique Honoré: l’induction par la boule de cristal. F Honoré aime à rappeler qu’elle est fille d’un magicien, aussi elle invoque une boule de cristal pour y voir l’avenir.Et cette projection dans l’avenir peut devenir réalité.L’induction réalise une perturbation pour ouvrir le champ de conscience vers une nouvelle vision. Mais ceci doit se faire dans une relation de confiance, le thérapeute dans une écoute attentive, sincère, observatrice. Elle cite une de ses patientes, adolescente, qui disait “je ne peux rien dire, c’est atterrant”: F Honoré se lève alors, s’allonge à terre et dit “je suis atterrée, je ne peux aller plus loin, il ne peut plus rien m’arriver” et c’est le début d’une relation de confiance…Ecoutez le reste dans le replay …https://www.ressourcesmentales.com/conferences-en-visio
Yves Halfon distingue la pratique de l’hypnose dans le soin et dans la thérapie : on est plus directif et rapide dans l’hypnose pour les soins. L’induction est instantanée, dès lors qu’on ratifie les peurs du patient, l’attention est de suite fixée : en quelques phrases, on mobilise son imagination vers des lieux de confort.. Il suffit de proposer non de respirer, ce qui n’est qu’une distraction, mais d’observer sa respiration (ce qui provoque une dissociation).Yves Halfon cite Milton Erickson : « n’importe quelle conversation peut induire une transe ».
Pour Jean Marc Benhaïem, la confusion sert à apprendre de nouveaux schémas de pensée, ouvrir à une perception plus large. Ainsi on peut induire une confusion par une phrase paradoxale : pour obtenir quelque chose, il faut cesser de la désirer… « l’alcool m’aide à vivre.. » , n’est ce pas plutôt qu’il vous aide à mourir ? Il faut créer le doute, susciter la curiosité, la surprise, le jeu. La confusion nécessite une ouverture à l’autre, de la disponibilité, l’intuition, la création, le nouveau, l’humour, la présence.
Dominique Megglé parle de l’hypnose profonde : il y aurait deux sortes de transe profonde, l’une est difficile à reconnaître, c’est la transe somnambulique qu’on peut suspecter devant un léger retard à répondre, une rareté du clignement. L’autre est la transe stuporeuse,que l’on obtient au moyens de suggestions répétées, de phénomènes hypnotiques se renforçant (lévitation, catalepsie, amnésie) , de suggestions post hypnotiques. Il est important que le patient sache que le thérapeute est là , présent pour le protéger. Quel intérêt à ces transes profondes ? Faire accepter des suggestions thérapeutiques, directes, et parfois obtenir une dissociation de la façon de vivre et penser habituelle et réorganiser sa vie: D Megglé cite des patients dont il n’a jamais connu le contenu de la thérapie, qu’ils ont accomplie en transe profonde. Selon Julien Betbèze, ce pourrait être utile quand le patient n’a pas de « tiers sécure » et ne peut ,en transe légère, se connecter à une expérience de relation de sécurité et de créativité..
Marc Galy raconte comment il induit la transe en demandant au patient de voir apparaître ce qu’il veut sur une page blanche : « fixez cette page, et sur cette page mettez ce que vous voulez, vous pouvez voir une image, entendre quelque chose, être au milieu d’amis pour un bon repas ». Cette liberté et ces quelques suggestions produisent quelque chose d’étonnant : les patients s’approprient l’outil, se sentent libres dans leur imaginaire. Cette « page blanche » est utilisée par les urgentistes et les anesthésistes. Il faut vraiment laisser le patient totalement libre : même s’il a évoqué un bon souvenir avant d’entrer au bloc opératoire, le cerveau va tellement vite que c’est peut être un autre souvenir qui va surgir sur la page blanche…
L’induction dont parle la psychologue Solen Montanari est bien différente : elle parle de deux patientes,dont elle a raconté la prise en charge dans un numéro à paraître en janvier 2023 de « Hypnose et thérapies brèves ».L’une est une adolescente qui est prévenue contre les psychologues et les médecins qui ont toujours des interprétations pour décrire ce qu’elle vit . Alors Solen lui propose de créer avec elle , dans l’ici et maintenant , un espace devant elles deux , comme une scène de théatre où l’imaginaire pourra s’exprimer : tant celui de la patiente que celui de la thérapeute. A partir de leurs ressentis, le problème peut prendre une forme,de contenu, de regardable, avec lequel on peut interagir, et en observer l’évolution. Il s’agit d’une co-construction entre le patient et le thérapeute de quelque chose qui appartient à l’un et à l’autre, et à force de tisser ensemble, commence à créer un “nous” , et ce “nous” va regarder la scène, et on va être en phase (ce que le psychiatre Daniel Stern appelle l’intersubjectivité).Cette pratique est un élément de la thérapie du lien et des mondes relationnels, (ex HTSMA), développée par le Dr Eric Bardot et son équipe.
Dans le n° 64 de la Revue hypnose et thérapies brèves
-Le dr Surrault décrit « une parenthèse enchantée »:elle l’appelle une séance « de thérapie narrative »(en fait j’y vois une séance d’HTSMA, (ou « thérapie du lien et des mondes relationnels » enseignée par Eric Bardot et son équipe), qui montre bien comment aborder par l’interrogatoire le problème de la patiente : en reformulant, en allant chercher dans le corps les sensations que produisent les affects décrits par la patiente, en externalisant ce qui apparaît… etc . L’hypnose ericksonnienne s’enrichit des pratiques issues des autres thérapies brèves.
-Dans le cas du petit Noé (7ans) que raconte la psychologue C Conte Rossin, c’est la thérapie solutionniste qui est employée dès la 1ère séance , (recherche d’exceptions au problème, valorisation de ses ressources, des bonnes stratégies mises en œuvre, utilisation d’une échelle de progrès, détermination de tâches) et l’hypnose dès la 2è, avec construction d’un récit métaphorique s’appuyant sur ses ressources imaginaires. Noé fait de l’autohypnose, et son Père participe à l’hypnose lors de la 7è séance.
-Le dr M.Séjourné nous parle de sa pratique associant hypnose et médecine chinoise, dans des troubles digestifs.
-Me R Rey, infirmière anesthésiste, nous explique comment murmurer à l’oreille des enfants au bloc opératoire pour réduire leur anxiété, et nous en donne des résultats chiffrés.
-Le dossier de ce numéro concerne la dépression : l’article de F Berben sur l’épuisement professionnel, pour lequel il propose une association de méditation ,d’hypnose, et de mouvements de type Qi Gong relate une belle expérience : cependant j’ai été gèné par la définition du burn out, « comme résultat d’une mauvaise gestion du stress au travail » (« l’adaptation au travail échoue » « la personne a l’impression de se faire bousculer de toutes parts ». Sans doute F Berben parle t il de l’épuisement au sein de l’institution d’aide sociale à l’enfance qui l’avait mandaté. (Peut être faudrait il aussi questionner les moyens humains affectés à ces missions difficiles:n’y aurait il pas de restrictions budgétaires ? )
Dans d’autres milieux de travail (qui deviennent majoritairement « toxiques » , tant dans le privé que dans le public) les employés sont en effet bouleversés de toute part, par un type de management qui a été bien étudié avec tous ses dysfonctionnements ravageurs et stériles, par Christophe Dejours (« La panne » et autres ouvrages , et son audition à l’Assemblée Nationale sur le burn out: https://www.dailymotion.com/video/x6d0kdret : ) et Vincent de Gaulejac (La Société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social, et : Le Coût de l’excellence , et autres ouvrages).
-Un beau travail de métaphores sur le deuil nous est raconté par le Dr Nelly Cadra, avec une adolescente de 15 ans .
-Je conseille aussi :dans “sortir de la dépression“le script (p 92à 101) des consultations de Dr JP Boyer permet de bien saisir ce qu’est un entretien, en thérapie solutionniste. C’est aussi ce que beaucoup de praticiens font en hypnose ericksonnienne : utiliser, ne pas savoir , ne pas comprendre a priori mais écouter…
-Lisez aussi « Hypnose musicale » du dr Ottin Pecchio, ou « Dr j’ai enfin échoué » de A .Chaboche , et toujours : les rubriques de S.Colombo , et celle de G. Fitoussi (qui interview Alain Vallée).
Juillet 2021: Un colloque sur les suggestions