Un article sur les tiers soutiens
La revue “Hypnose et thérapies brèves “publie dans son numéro 71 de novembre 2023, un article du psychologue Arnaud Zeman sur les “tiers sécurisants “, qui peuvent être une personne ayant aidé à un apprentissage, ou ayant été là avec sa seule présence ou exerçant un soutien actif. Ainsi,en reconstituant en hypnose la dimension relationnelle des apprentissages, ceux ci deviennent des ressources plus riches.
Le dernier film de Ken Loach, “The old oak”qui est sorti en salles en octobre 2023 illustre bien combien la dimension relationnelle chaleureuse des rencontres de Mr T.J. Balantyne, lui permet de ne pas se suicider ,de reprendre espoir et trouver un sens à la poursuite de sa vie.
La résilience: un concept de psychologie , utilisé en politique?
La résilience a été définie depuis la seconde moitié du XXè siècle comme la capacité de se reconstruire après un traumatisme. La majorité des victimes de traumatismes s’en sortent et se reconstruisent sans avoir besoin d’une psychothérapie. Si ce n’est pas le cas, l’Hypnose , et mieux encore, l’HTSMA (ou thérapie du lien et des mondes relationnels , -Dr Eric Bardot) permettent à travers une relation thérapeutique, de vivre libéré des effets des traumatismes et faire de nouveaux projets.
Le Monde Diplomatique, dans son édition de mai 2021 analyse l’utilisation de ce concept en politique ,comme si la résilience pouvait s’appliquer de la même façon à l’individu et au collectif : “Résilience partout, résistance nulle part”.(sous la plume de Me E. Pieiller)
Ou comment “effacer le courage, la chance, l’entraide, la lutte,qui permettent de “s’en sortir”, mais qui n’ont pas ce beau mystère du processus mental qui vous sauve et vous recrée” , et promouvoir “un modèle diffus de traversée des épreuves, par l’adaptation individuelle, au détriment de la remise en cause des conditions de sa souffrance”.Le gouvernement a passé un contrat en 2020 avec une entreprise de communication, la ” BVA Nudge Unit” , qui est chargée de rendre acceptables de nouvelles normes sociales. Pour en savoir plus , lisez cet article (accessible ici) et les ouvrages cités:Thierry Ribault “Contre la résilience.A Fukushima et ailleurs”. L’échappée, 2021, ou Barbara Stiegler, “De la démocratie en pandémie.Santé, recherche , éducation”.Gallimard,.
Un livre pour débattre : Humanité : une histoire optimiste , de Rutger Bregman
J’avais écrit ceci , il y a 2ans, mais je dois le modifier à la lueur de la récente actualité et de mes récentes lectures:
L’actualité, ce sont les tueries en Palestine, celle du Hamas et celle du gouvernement d’Israël, dont les ministres d’extrême droite ont qualifié la population civile palestinienne de Gaza d’animaux.De même la déshumanisation des prisonniers en Chine, (voir le documentaire d’Arte:https://www.youtube.com/watch?v=wd__0LjnbiQ). Quand on dénie à des humains cette qualité, on les traite comme des animaux..
Mes lectures: “M, l’enfant du siècle”, de Vincent Scurati, qui décrit les violences des groupes fascistes de Mussolini, et spécialement le goût de tuer des “arditi”, anciens soldats démobilisés en 1918, et qui aimaient faire couler le sang, et qui furent utilisés avec la bénédiction des préfets , pour tirer sur des manifestants ouvriers et ainsi casser les manifestations ou aller tuer à leur domicile les leaders des ligues paysannes.
Le livre de Rutger Bregman journaliste néerlandais , commence par l’évocation de la théorie de Gustave Le Bon développée dans son livre « Psychologie des foules » ( 1895),où il décrivait ce qu’il imaginait du comportement d’une foule au cours d’ un drame : la panique et la violence selon lui remplaceraient les comportements civilisés. Inspirés par cette théorie , Hitler fit lancer 80 000 bombes sur Londres , et les anglais bombardèrent 39 villes allemandes.
Au lieu du chaos , on observa de la solidarité, de l’entraide , tant du côté anglais (avec phlegme et humour) que du côté allemand. Dans l’adversité et les catastrophes , les humains s’entraident…
Si les anglais avaient bombardé les raffineries allemandes au lieu des civils , la guerre aurait cessé 6 à 12 mois plus tôt.
Le livre de Bregman est rempli de faits surprenants : connaissez vous le pourcentage de soldats qui pendant la seconde guerre mondiale tiraient sur l’ennemi ? 15 à 25% maximum. Pendant la 1ère guerre mondiale, beaucoup tirèrent en l’air. A Noël 1914, 100 000 soldats sortirent des tranchées pour fraterniser avec les hommes qu’ils étaient sensés tuer la veille. L’homme n’est pas fait pour tuer.
Dans le roman « Sa majesté les mouches » , W. Golding décrit un groupe d’enfants échoués sur une île déserte, qui finissent par s’entre-tuer. Noirceur de la nature humaine ? Non , pure fiction, et R.Bregman , au terme d’une longue enquête, découvre l’ histoire vraie de six enfants naufragés dans le Pacifique, qui ont vécu plus d’un an grâce à l’entraide et la résolution pacifique des conflits.
Mais personne ne connaît cette histoire, comme peu de gens savent ce qui s’est passé réellement à l’Université de Stanford, en 1971.Le professeur Zimbardo y réalise une expérience qui restera dans les livres de psychologie et sera commentée 40ans , et qui lui vaudra célébrité et honneurs : il enferme des étudiants comme prisonniers , et d’autres étudiants sont les gardiens . Ceux ci commettent tant d’actes sadiques que en cinq jours on doit interrompre l’expérience pour sauver les prisonniers. Zimbardo prétend ainsi montrer la nature humaine , dès que l’on endosse un uniforme .
D’autres expériences furent aussi conçues pour montrer que des enfants livrés à eux mêmes s’entre déchirent (expérience de “la caverne des voleurs” en 1954), ou que les citoyens ordinaires sont capables , sous influence , d’administrer des décharges électriques potentiellement mortelles à des hommes sujets d’une expérience scientifiques (expérience de Milgram 1961). A chaque fois , la presse donna une énorme publicité à ces expériences.
En réalité , tout était truqué : les gardiens avaient été manipulés par Zimbardo, et avaient des consignes sadiques strictes ; les enfants de la caverne des voleurs avaient été habilement montés les uns contre les autres ; les participants à l’expérience de Milgram n’y croyaient pas ou se révoltaient. D’autres expériences similaires donnèrent des résultats opposés : pas moyen de faire se battre des enfants qui avaient déjà noué des liens d’amitié, pas moyen de monter des étudiants gardiens de prison contre des étudiants prisonniers. Quand un chercheur connaît la conclusion qu’il veut donner de son expérience , ce n’est plus de la science mais de la mise en scène.
Il y a aussi des faits divers qui sont publiés par la presse et interprétés par les psychologues : la mort de Catherine Susan Genovese, « assassinée devant 37 témoins qui n’ont pas appelé la police »selon le New York Times. Il fallut plusieurs années pour que l’on découvre que c’était faux ,mais le journaliste n’avait pas voulu écrire la réalité des faits car « ç’aurait gâché l’histoire ».
Mais certains diront:trafiquer la réalité est il un problème ? Ne peut on inventer de telles histoires pour distraire les spectateurs du petit écran ? En réalité les conséquences de ces discours sur la nature humaine sont considérables et néfastes.Voici pourquoi:
Connaissez vous les prophéties autoréalisatrices ? Peut être pas encore , mais l’effet placebo vous est familier, tout comme l’effet nocebo : la lecture de la notice des médicaments est la plus grande pourvoyeuse d’effets secondaires. Lire que le médicament donne fréquemment des maux de tête les fera expérimenter à un grand pourcentage des patients .
Les prophéties se réalisent du fait d’avoir été énoncées. Dire à un enfant « Quelles mauvaises notes ! Décidément tu ne feras jamais rien à l’école ! » lui programme une série d’échecs. Les sondages électoraux sont des prophéties autoréalisatrices de forte influence.
Les conceptions de l’être humain comme foncièrement mauvais , est à l’origine des conceptions les plus répressives des prisons, devenues des machines à fabriquer des criminels récidivistes de plus en plus dangereux au fur et à mesure que s’accroît leur expérience des violences de l’univers carcéral.
La conception de l’homme comme fainéant, et tire au flanc a donné lieu au succès des pires conceptions du management moderne qui utilisent la division et la mise en concurrence des employés , l’obligation de viser des objectifs inatteignables, le harcèlement , responsables de la souffrance au travail, de l’épuisement professionnel, et de la moindre productivité des entreprises.(voir sur ce sujet: Pr Vincent de Gaulejac : https://journals.openedition.org/nrt/1173 et Christophe Dejours: voir la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=B3cY1q3c_qY )
Bregman cite des alternatives qui ont fait preuve d’une étonnante efficacité :
une prison modèle en Norvège, où les détenus , traités comme des humains , ont à la sortie le plus faible taux de récidive au monde(16 % contre 60 % aux US).
L’ entreprise de soins à domicile Buurtzog, où il n’y a pas de cadre, car où les équipes de soignants s’organisent en autonomie, fournit des soins de qualité nettement supérieure aux autres entreprises de soins , et pour un coût légèrement moindre.
Il cite aussi l’entreprise Favi, qui fabrique des pièces pour l’industrie automobile : en 1983 ,le Pdg J F Zobrist décida de supprimer la surveillance des ouvriers , la pointeuse, et de diviser l’usine en équipes de 25 ouvriers chargés de coopter chacune leur chef et de s’auto organiser. La productivité a augmenté, , l’entreprise Favi est passée de 100 à 320 employés a conquis des marchés et échappé à la délocalisation. (voir le livre de J.F. Zobrist, La belle histoire de Favi : l’entreprise qui croit que l’homme est bon, Humanisme & Organisations, 2014, et le site de l’entreprise : http://www.favi.com/entreprise/)
R. Bregman parle aussi de l’école , de la politique municipale , etc
Je vous laisse découvrir son livre , qui se lit comme un roman, et qui rappelle un peu le film « Demain » qui lui aussi montre des alternatives réalisées qui font rêver :https://streamingmoviesright.com/fr/film/demain
Et le rapport à l’hypnose ?
Les praticiens de l’hypnose croient en son pouvoir de « créer le réel » (titre du livre de Thierry Melchior) , de « reconfigurer le monde » (François Roustang).
Le pouvoir du jeu, du langage, et de la parole : nommer quelque chose , c’est la faire exister, expérimenter en transe hypnotique la disparition (même transitoire) de la douleur ouvre une nouvelle perspective de vie au douloureux chronique.
Nous croyons que l’humain est un être de partage , de solidarité, d’attachement.
Revivre en hypnose un moment de partage , une action réalisée en commun avec quelqu’un qui vous fait confiance, permet de trouver la sécurité nécessaire pour commencer à sortir de la dépression, de la phobie, de la maltraitance ou de l’abandon.
Avec les leçons de Michaël White (la thérapie narrative) , découvrir dans la vie d’un patient une exception , un moment où il n’ a pas été soumis à son problème , mais a vécu ses valeurs, lui permet de construire une histoire alternative , et se bâtir une nouvelle identité, conforme à ses valeurs.
Actualités de novembre 2020
Les effets -méfaits du confinement sont de plus en plus évoqués dans la presse, qu’elle soit spécialisée dans l’hypnose , ou tous publics : (mes commentaires sont en italique)
1)-Dans le numéro 58 de “Hypnose et thérapies brèves”,le sociologue et anthropologue Pr David Lebreton différencie les couples ou les familles où le 1er confinement fut une période de rapprochement, et d’autres où ce fut « un temps d’emprisonnement, d’étouffement », avec les tensions , les maltraitances, les abus sexuels.Ce confinement fut «révélateur du pire et du meilleur chez les individus » .Plus généralement, « le conditionnement accentue l’addiction au smartphone –j’ajouterais toutes les addictions, tabac , alcool , autres drogues-, et détruit davantage encore la conversation, c’est à dire la reconnaissance plénière de l’autre à travers l’attention à son regard. Il induit l’effacement de la présence physique à l’autre »
D. Le Breton pose ainsi la question clé : « Qu ‘est ce qui fait finalement le prix de nos vies ? Seul a de prix ce qui peut être perdu .Un monde sans risque est un monde sans aléas, sans aspérités, et livré à l’ennui –(relisez la nouvelle de J.L. Borges « l’Immortel » dans le recueil “Aleph” : les immortels s’ennuient..)
(Notons aussi que le philosophe Guillaume Leblanc interviewé par Télérama-n°3695 souligne que la vie n’est pas seulement biologique)
D.Le Breton continue : « l’isolement confère au corps de l’autre un statut de dangerosité:comme si la seule présence de l’autre était un péril.. » .Il rappelle que « l’existence implique en permanence le contact qui donne chair à l’individu (contact :aux deux sens de tactile et d’interaction ). Il analyse aussi les conséquences du port du masque (transformant les passants en spectres anonymes…), etc (à lire !)
2)-Dans le même numéro, la psychologue Véronique Cohier Rahban s’étonne que « les gouvernants nous prescrivent de vivre comme si nous étions morts pour ne pas mourir » et met en parallèle l’angoisse de mort de certains malades en grande souffrance qui les conduit à se figer pour ne pas mourir, et la situation d’enfermement , de figement (« le confinement ») .
C’est l’exemple du confinement, (se figer, ne plus bouger,éviter l’autre qui est dangereux, éviter les contacts corporels) que l’on donne en exemple aux jeunes :qu’auront ils appris de cette injonction de rester figés face au danger,? Ne va t on pas contribuer chez eux à la construction d’angoisses de mort ? »
3) -La couverture du numéro 125 de Cerveau et psycho, affiche : « Le bonheur est dans le lien » et Education : la présence physique , clé de l’apprentissage » ;
Sans commentaire…
-Télérama également publie dans son numéro 3695 une critique des outils numériques , dont plusieurs rapports (enquéte Pisa, 2015, rapport du Cnesco 2020, )ont souligné l’absence d’amélioration des apprentissages scolaires.
LIVRES : Mes dernières découvertes:quel bonheur ! (mars 2020)
j’ai découvert des livres parus déjà en 2018 et 2019, à commander chez votre libraire de quartier :
1) Hypnose en pratiques gériatriques (Marie Floccia, ed Dunod, septembre 2018) : certes pour les pratiquants de l’hypnose, mais aussi tous ceux qui ont affaire à des patients -ou des parents- atteints de maladie d’Alzheimer, ou autres pathologies neurodégénératives:vous lirez la meilleure façon de se conduire avec un sujet âgé en proie à un délire:et comment entrer dans sa réalité -avec respect et intelligence- pour l’apaiser, sans lui faire subir d’injection de neuroleptique ! Et de nombreuses autres situations cliniques où l’hypnose dans sa version gériatrique , permet un soin riche et satisfaisant pour le soignant et le patient , là où le découragement menace celui qui n’a pas ces outils :
chapeau ! à Dr Marie Floccia et à ses collaborateurs (ouvrage collectif)
2) J’ai lu avec émotion: « Les leviers du changement , un thérapeute bref en scène » du Dr Bogdan Pavlovici, Enrick Editions
Je ne saurais trop en recommander la lecture , aux médecins , aux psychologues, au grand public…
ce livre montre ce que peut réaliser la pratique clinique d’un psychothérapeute formé à l’HTSMA (Hypnose, Thérapie Stratégique et Mouvements Alternatifs : une thérapie du lien et des mondes relationnels , créée et enseignée par le dr Eric Bardot, psychiatre à Nantes , et ses collaborateurs de l’institut Miméthys).
Et il est vraiment époustouflant de voir des situations familiales très conflictuelles, dramatiques, déspérantes, se débloquer en l’espace d’une séance , grâce à l’inspiration que le Psy reçoit de sa Muse : car je dois vous dire que nous voyons en scène , non seulement le psy , mais aussi ses personnages mentaux,(dont la Muse), les petites voix qui résonnent dans sa tête dès qu’il se replie un instant dans son univers mental , pour échapper à l’emprise de la situation chaotique de la consultation…
Et c’est une des particularités de l’HTSMA, de ne pas mettre sous la table les émotions et sensations du Thérapeute : Bogdan Pavlovici a eu le talent de le faire figurer par cette mise en scène de ses personnages mentaux.
Merci Bogdan, je vais me mettre à une deuxième lecture de ton ouvrage, qui mérite de rester sur ma table de chevet, toujours disponible.
Actualités des revues
Dans le dernier numéro (n°56) de la revue « Hypnose et thérapies brèves », un article très utile de Béatrice Dameron, « Pratiques narratives et hypnose » , où elle montre avec deux exemples cliniques, comment utiliser les pratiques narratives, et l’hypnose dans sa version « activation de conscience » de Jean Becchio.
Je rappelle que la thérapie narrative de Michael White propose au patient de découvrir une nouvelle façon de raconter sa vie, mettant en lumière les valeurs qui ont sous tendu certains de ses actes, et l’amenant à redevenir auteur de sa vie.
Dans l’article de B Dameron, j’ai bien aimé la prise en charge d’un patient en deuil : B. Dameron explique que dans la thérapie narrative, le deuil n’est pas seulement dire au revoir à un être cher , mais plutôt lui dire bonjour à nouveau. C’est-à-dire, laisser de côté les derniers souvenirs pénibles de la maladie, de la fin , pour retrouver les valeurs que l’on partageait avec le défunt.
Voici comment elle procéda avec son patient :
Elle commence à lui demander les souvenirs qui évoquent ce que sa mère a apporté à sa vie à lui ; puis dans un second temps, ce que sa présence à lui, a pu apporter à sa mère. Puis elle l’invite à nommer les valeurs partagées dans cette relation mère –fils , qui restent précieuses pour lui, enfin, les possibilités qui pourraient s’ouvrir à lui si ces valeurs prenaient davantage de place dans sa vie.
La séance d’activation de conscience commence par une induction rapide : se connecter à la figure de sa mère, puis il est invité à laisser émerger le souvenir d’une scène où la relation à sa mère a façonné et enrichi sa propre vie ;B. Dameron, détaille le guidage du patient dans son expérience sensorielle et émotive, et le travail créatif vers son but.
La deuxième étape fait émerger un souvenir où lui-même a enrichi la vie de sa mère, et il est invité à explorer les sensations, les émotions, tandis que s’opère le travail créatif en arrière plan.
L’article se poursuit avec un deuxième cas clinique , qui montre bien l’intérêt de la déconstruction des discours délétères que les patients tiennent sur eux-mêmes, ou de l’image qui leur a été imposée : retrouver les valeurs personnelles , enfouies dans des histoires de vie négligées.Et comment B Dameron travaille ensuite ce matériau en hypnose-activation de conscience.
Dans le dernier numéro de « Cerveau et psycho n°119, est rapporté un cas clinique : « l ’homme qui respirait trop »:cas d’hyperventilation chronique , qui fut traité avec succès par hypnose.
Egalement dans le même numéro, un dossier sur la nostalgie, intéressant -même s’il m’a énervé par l’abus des simplifications : « idées négatives/idées positives » « sentiments positifs , négatifs »:ça me rappelle l’ expression des ado : « c’est cool ! », ou comment restreindre la communication au minimum , et tuer la pensée en supprimant les nuances:un souvenir n’est pas positif : il est valorisant, ou agréable, ou excitant , ou stupéfiant ,charmant , doux, confortable, mobilisateur, merveilleux, etc
A part ce travers (que l’on remarque aussi dans des ouvrages très sérieux traitant de l’hypnose!) , le dossier ouvre des pistes pour la réflexion: la nostalgie s’accompagne selon le chercheur interviewé Martin Deseilles :« d’une activation des circuits de la mémoire , et de la récompense (ce qui procure des émotions agréables dans les moments d’adversité) ,ainsi que du cortex préfrontal médian, impliqué dans la régulation des émotions:(acceptation de ce qui est perdu) ».
L’utilisation en psychothérapie en est possible (c’est ce que nous faisons souvent en hypnose!)
Actualités de l’hypnose et des neurosciences, décembre 2019
1) Un film à voir qui parle de la transe : « Un monde plus grand »
C’est un long métrage réalisé par Fabienne Berthaud, . Ce film est l’adaptation du livre Mon initiation chez les chamanes de Corine Sombrun, qui a collaboré au scénario.
J’ai eu un grand plaisir à voir ce film, que je vous recommande. J’avais connu Corinne Sombrun lors d’un « hypnocafé » à Paris , où elle nous avait parlé de son aventure en Mongolie, sujet de ce film et du livre « Mon initiation chez les chamanes ».Elle nous avait intrigués par les particularités de sa transe, bien différente des transes hypnotiques (ainsi que l’ont montré les études par EEG).
Vous pouvez lire aussi d’autres de ses ouvrages : (à commander chez votre libraire)
https://www.corinesombrun.com/bibliographie/poches/mon-initiation-chez-les-chamanes-pocket-2019/
https://www.corinesombrun.com/bibliographie/editions-originales/sauver-la-planete/
https://www.corinesombrun.com/bibliographie/poches/les-esprits-de-la-steppe-pocket-2019/
2) l’interview de C. Sombrun , paru dans « Cerveau et psycho » de décembre 2019, n°116 :
Elle explique qu’elle a isolé dans le spectre sonore du tambour, (qui lui permettait d’entrer en transe) des sons particuliers, plus efficaces que le reste : elle a pu isoler les fréquences précises qui permettaient d’induire une transe : avec ces fréquences sonores, « 80 % des étudiants qui se sont prêtés à l’expérience sont partis en transe à la première écoute, 90 % à la seconde ».
Elle explique aussi comment elle a domestiqué sa transe pour qu’elle puisse faire l’objet d’études en IRM fonctionnelle , et avec 256 électrodes sur le crâne.
Enfin elle précise la rencontre avec son mari mort, qui a été un peu « romancée » dans le film.
3) dans ce même numéro de Cerveau et psycho,n°116 :
-un dossier sur les pédagogies Montessori et Freinet, qui ont fait l’objet récemment d’études neuroscientifiques : leurs excellents résultats sur le développement cognitif de l’enfant sont confirmés y compris dans les rares classes accueillant des enfants de milieux défavorisés.
-un article sur les écrans : « comment on massacre le cerveau de nos enfants » :
« Langage appauvri, problèmes d’attention, sommeil fragmenté:les atteintes à la cognition et au développement cérébral sont profondes et durables »
« La seule télévision vole aux enfants 2500 heures d’interactions familiales sur ses 12 premières années de vie , soit l’équivalent de trois années scolaires. A cela , rajouter les autres écrans , et les habitudes des parents (pianoter sur son smatphone diminue la qualité de la communication avec son enfant). « Plus un enfant passe de temps devant un écran, plus il a de chance de finir chez orthophoniste. »
Cet article résume un livre de Michel Desmurget, Directeur de recherches en neurosciences ,
« La fabrique du crétin digital » ed le Seuil, 2019
4) Dans l’édition de décembre 2019 du Monde Diplomatique : « la pilule de l’obéissance » :
une excellente enquète sur la prescription de « Ritaline » pour les enfants étiquetés « TDAH » (enfants « hyperactifs »), en France et aux USA.
Parme les causes du TDAH, (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) , la pollution a été dénoncée par Barbara Demeneix dans son livre « Le cerveau endommagé » (voir dans mon livre , pages 210 ,211).
En France , 62 000 enfants ont consommé de la Ritaline (classée parmi les stupéfiants) en 2016.
Aux USA, c’est 4 millons d’enfants en 2017 (Ritaline et autres psychostimulants ) : les parents n’ont souvent pas le choix devant les pressions du corps médical et des enseignants, désireux d’éviter à moindre frais les troubles à l’école , et sont conduits à donner ces drogues à leurs enfants , malgré les effets secondaires qui sont parfois graves:angoisses, tentatives de suicide, crise cardiaque, absence d’émotion, etc.
Lu dans « Cerveau et psycho », numéro 113 de septembre 2019
Le cervelet nous a été enseigné comme étant le centre de la coordination et synchronisation des mouvements.
Je me souviens avoir découvert avec surprise, ( sur une diapo présentée par le dr Gérard Mick*), l’activation du cervelet au cours de la perception d’une douleur:quel rôle pouvait il bien jouer ?
Était ce là une raison supplémentaire d’insister sur l’équilibre du corps, les sensations de mouvement, lors d’un accompagnement hypnotique d’un souvenir d’action (ASA) ?
Des éléments de réponses sont donnés dans l’article « Le cervelet, petit mais costaud » de
J .Retzbach (p 32à 37) , qui cite des chercheurs comme J.Diedrichsen, O Baumann…
On y lit que 30 % de ses neurones seulement s’occupent du contrôle moteur:ils analysent les informations sensorielles et motrices , pour déterminer le moment idéal d’une action.
Le reste ,70 % des neurones cérébelleux, est impliqué dans les pensées, les émotions, le langage, la mémoire.Les patients ayant eu un accident vasculaire cérébelleux se plaignent surtout de troubles moteurs, mais ils ont aussi des troubles de planification mentale, d’élocution, de mémoire ; leurs réactions émotionnelles sont imprécise, maladroites.
Chez des volontaires sains, selon l’émotion suscitée par l’expérimentateur , différentes zones cérébelleuses s’activent.
Le cervelet jouerait un rôle fondamental pendant l’enfance , en participant aux processus d’apprentissage.Les lésions cérébelleuses développées in utero, ou dès la naissance augmentent de 15 à 40 fois le risque d’autisme, ce qui n’est pas le cas chez des adultes faisant un infarctus cérébelleux.
Une atrophie cérébelleuse a été décelée chez des schizophrènes…
Des découvertes en perspective !
Dans le même numéro, un dossier sur la cognition incarnée :
Manuela Macedonia, chercheuse à Leipzig, souligne combien l’apprentissage de mots ou de concepts peut être facilité par des gestes, que les élèves voient faire , et mieux , qu’ils reproduisent .
Les processus cognitifs sont profondément enracinés dans les interactions du corps avec l’environnement
RémyVersace explique combien « notre corps détermine notre rapport au monde », nos perceptions, nos émotions , dépendent de notre passé sensoriel, moteur et émotionnel.
Je signale aussi , dans le numéro 54 d’Hypnose et thérapies brèves
un excellent dossier sur l’hypnose avec les sujets âgés, et notamment, en EPHAD et même chez les patients souffrant de troubles cognitifs sévères ;ce dossier a été réalisé par les auteurs du livre « Hypnose en pratiques gériatriques, ed Dunod, 2018 : M.Floccia et al.
Il est fait d’exemples multiples de prise en charge par l’hypnose de situations désespérantes, agressivité, refus des toilettes, opposition à tout soin .Les interventions hypnotiques réalisées par les aide soignantes, infirmières, psychologues , sont détaillées et fournissent d’excellents exemples de ce qu’on peut faire en hypnose avec ces patient particulièrement difficiles pour les équipes, ici soulagées par ces accompagnements hypnotiques qui apaisent.
Quelques particularités de la technique sont précisées:le processus hypnotique est souvent fractionné, avec des passages à l’état de veille restreinte, les yeux sont souvent ouverts, le regard fixe ; on évite les silences, on réadapte ce que l’on fait constamment en fonction de l’observation du patient, on fait appel à un souvenir cher au patient, on augmente le recrutement sensoriel, en utilisant l’environnement immédiat du patient, ou des sensations suscitées (musique, odeurs avec des huiles essentielles, etc) , la voix est douce, les mots simples, répétés sans temps de pause, en saupoudrant de mots rassurants et apaisants, les sensations tactiles par des caresses, des tapotements doux , ou juste la main posée.Les suggestions sont plutôt directes pour ne pas mettre le patient en difficulté avec un trop large choix.Bien sûr, la connaissance de l’histoire du patient permet de trouver de manière adaptée, des « safe place » ou des souvenirs valorisants .
Ce dossier ,à découvrir ,donne envie de lire l’ouvrage écrit par ces soignants.
Michel Ruel
*Gérard Mick , neurologue au CHU de Lyon, présentait les résultats des équipes de Coghill et al, (1999) et de Peyron,et al , (2014)